Faïsses et Bancelles en Cévennes,

ou tant de murs et si peu de maisons…

Pour qui traverse les Cévennes la première fois, le contraste est saisissant entre la densité de l'habitat des villes qu'il vient de quitter, et ce pays de montagne qui semble n'héberger personne…

Les rares maisons et hameaux qui émergent de nulle part ou de lieux improbables sont tellement intégrés aux paysages qu'ils semblent faire partie de la nature environnante.

Pourtant, ne vous y trompez pas ! Ce paysage qui vous semble si naturel est entièrement bâti de mains d'hommes, façonné par des générations de paysan-maçons qui apprivoisaient la montagne pour en tirer de quoi subsister.

Aujourd'hui, cachées sous les frondaisons des châtaigniers, les terrasses que ces bâtisseurs ont construites habillent les versants cévenols, du plus profond des vallées aux sommets des coteaux. Joliment appelées faïsses ou bancelles, elles faisaient la richesse du pays, en permettant la culture sur des versants trop abruptes. Les familles cévenoles en tiraient leur subsistance en y plantant des céréales, des légumes et toutes les cultures vivrières du temps passé.  Autour des maisons, les treilles supportaient la vigne, tout en laissant le sol libre pour le pâturage des animaux.

Les murs qui soutiennent ces bancelles sont autant de parchemins déroulés à l'infini le long de nos coteaux. On y lit la rudesse de la pierre extraite à même le sol ; on y lit le courage et l'habileté des hommes qui chacun à leur manière ont appareillé ces pierres pour donner des ouvrages à première vue semblables, mais tous uniques ; on y lit l'emprise de la nature qui reprend ses droits lorsque l'homme peu à peu a déserté ces territoires, puis l'empreinte du temps qui a éboulé les pierres…

Mais heureusement ce patrimoine est vivant, et la pratique de la pierre sèche retrouve ses lettres de noblesse en Cévennes. Même si les motivations ne sont plus les mêmes, l'attrait de la pierre et du bel ouvrage suffisent pour créer une nouvelle génération de bâtisseurs heureux !

PM